Nourri au punk rock depuis son adolescence, pour l’artiste Marseillais Stéphane Moscato, le pochoir faisait parti du package DIY. « On s'en sert pour tout, préparer des affiches, revendiquer son groupe ou un slogan, customiser ses vêtements. L'état d'esprit propre au punk rock, soit de sortir des chemins tracés et repousser les limites, m'a poussé à essayer de peindre différemment avec un pochoir. Je me suis pris au jeu et je n'ai plus jamais arrêté. »  

À une époque charnière, Moscato était régisseur dans une salle de concert et collait des affiches publicitaires pour eux. « Un jour une composition d'affichage illégal de concerts  me touche plus et je l'embarque dans mon camion en ne sachant pas vraiment quoi en faire. Il s'imposera rapidement à mes yeux que l'accumulation d'affiches collées de par sa composition, ses lignes de construction, ses couleurs, sa typographie est une excellente amorce de dialogue pour le visuel final. Quand je récupère un support pour peindre dessus (de l'affichage, une couverture de livre ou autre) il  se crée un début de dialogue entre nous grâce à une typo ou à la structure du fond. C'est une forme de hacking visuel. À partir de ce moment là, je fais plusieurs croquis, jusqu'à arriver à l'image qui me semble idéale. Le temps de la découpe peut me prendre quelques jours parfois. Ne pas être obligé de peindre vite au pied d'un mur, ça permet de prendre son temps à l'atelier et pousser un peu plus loin sa réflexion. »

Est-ce que le support doit venir de la rue pour s’intégrer dans tes oeuvres originales? « C’est une question que je me pose souvent : que reste-il au street art une fois sorti de la rue? Pour moi, une des réponses c'est le prélèvement du support in situ qui est un lien direct avec les travail extérieur. »

Tu parles beaucoup d’engagement social - quel est le rôle d’un artiste dans la société d’aujourd’hui? « L'État et l'Église ont eu ce monopole pendant des siècles pour délivrer leur propre message. Je crois qu'il est temps d'apporter notre pierre à l'édifice. Pas forcement de mettre que de la couleur sur les murs. Chaque ville forge sa scène. J'aime le coté anarchique et permissif de Marseilles. J’y trouve ces endroits de plus en plus stimulants pour des collages. »